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GR5, partie 1 (11 jours): St-Gingolph-Landry

Dernière mise à jour : 7 sept. 2023

Onze jours de randonnée pour boucler tranquillement un premier tiers de GR5, depuis St-Gingolph jusqu'à Landry. Après plusieurs soirées de préparation sur les cartes, le 25 août 2023 c'est le départ! Trois jours en compagnie de mon mari Yvan, puis huit jours en solo. Il y a eu des hauts et des bas (au propre comme au figuré), mais beaucoup plus de hauts que de bas!

Total du parcours: 170 km, 10'000 m D+ et 10'000 m D- (les mêmes chiffres que l'UTMB, que le vainqueur a bouclé en moins de 24h..., mais bon, c'est pas la même philosophie! Ma philosophie, c'est lenteur, contemplation, introspection... pas le record de vitesse!)


Jour 1: Lausanne - St-Gingolph - Novel.

4,5 km, 610 m D+, 30 m D-

Arriver à St-Gingolph en bateau depuis Lausanne donne un air de grand voyage à cette aventure! Je me sens touriste dans mon propre pays, avec mon gros sac sur le dos et mes chaussures de marche dans une ville où normalement je me rends pour travailler. Yvan est avec moi, il va m'accompagner trois jours. Sur le quai, une dame nous repère tout de suite comme des "GR5-istes"... Elle connaît bien la région, elle s'y balade souvent, elle se réjouit pour nous et nous souhaite bonne route!

Nous débarquons à St-Gingolph, la canicule sévit encore, heureusement que le sentier qui monte à Novel est bien ombragé dans la forêt, la pente est raide!



Jour 2: Novel - Chapelle d'Abondance

13,1 km, 1340 m D+, 1280 m D-

La météo est en train de tourner au mauvais temps pour quelques jours... nous nous y préparons : la cape de pluie est à portée de main dans la poche extérieure du sac. La montée sous les Rochers de Chauffes Floras est physique mais très belle. Un peu de répit autour des chalets et du lac Neuteu avant d'attaquer le col de Bise où des chiens gardiens de troupeau de moutons nous regardent passer sans broncher. Midi et demi, juste avant le col, le vent se lève et la pluie se met à tomber. On enfile la cape et on descend en direction des chalets de Bise par un chemin terreux qui se transforme très vite en patinoire. Petite pause aux chalets de Bise avant de reprendre le chemin vers Chapelle par le magnifique Pas de la Bosse. Il pleut tellement que l'eau est entrée dans les chaussures et suinte entre nos doigts de pieds à chaque pas... Nous nous abritons 5 minutes sous le minuscule avant-toit du Chalet de la Bosse qu'on partage avec des vaches également trempées. Le terrain est gras, ça glisse, il faut rester concentré pour ne pas finir sur les fesses. Nous sommes soulagés de pouvoir marcher sur une route carrossable à partir des Chalets de Chevenne jusqu'à Chapelle.

Conseil: Au lieu de dormir à Novel, aller directement jusqu'au Chalet de Bise pour la première nuit, puis au refuge de Trébentaz la nuit suivante.



Jour 3: Chapelle d'Abondance - Refuge de Chésery

15 km, 871 m D+, 100 m D-

Comme il pleuvait toujours, nous avons décidé de prendre le bus depuis Chapelle jusqu'à Châtel pour écourter le programme. Depuis Châtel, nous avons longé la Dranse d'Abondance jusqu'au Pré de la Joux avant de monter rejoindre le GR5 au col de Bassachaux. Après une bonne montée dans le forêt, le chemin s'ouvre sur de grands pâturages marécageux remplis de myrtilles et de framboises dont nous nous régalons! Le petit restaurant au col vaut un arrêt! Très sympa, avec une excellente carte de menus. La température a chuté et nous supportons une deuxième couche pour reprendre le chemin vers le refuge de Chésery, à côté du Lac vert, qui ressemble à un Loch écossais avec cette brume. Au refuge il y a du papier journal pour faire sécher les chaussures et une douche chaude, le bonheur!



Jour 4: Refuge de Chésery - Refuge du Bostan

16,8 km, 754 m D+, 980 m D-

La météo est vraiment exécrable, le vent est fort, la pluie est froide, même les moutons devant le refuge font la gueule... Yvan part du côté de Champéry pour rentrer à la maison. À partir de là, je continue le chemin en solitaire, un vieux rêve! Je m'équipe et je pars en direction du Col de Coux. Le seul humain que je rencontre c'est le fromager de l'alpage de la Pierre qui fabrique ses tommes dans son chalet, je le salue à travers la fenêtre entrouverte. La montée du col est pénible, la pluie se transforme en grésil...Une fois de l'autre côté, les conditions s'améliorent, moins de vent, mais il pleut toujours. Je m'abrite un moment sous un grand épicéa en compagnie de vaches compréhensives qui me font une petite place. À midi j'ai un peu faim, je fais un détours hors GR5 en direction du refuge de Chardonnière dans l'espoir d'y trouver quelque chose à grignoter. Le refuge est fermé. Je reprend le chemin en direction du col de la Golèse. J'arrive complètement trempée au refuge de la Golèse où je me réchauffe d'une soupe avec tomme de Savoie et trinque avec Agnès, une randonneuse rencontrée à Chésery que je retrouve ici. Le refuge est grand, pas très chaleureux. Malgré la pluie qui n'a pas cessé, je me réjouis de me remettre en route pour aller dormir dans un refuge beaucoup plus sympathique, le Bostan, où je suis pour ce soir la seule cliente!



Jour 5: Refuge du Bostan - Samoëns

9 km, 0 m D+, 1040 m D-

Au réveil, le ciel s'ouvre, le beau temps arrive gentiment. La neige a saupoudré les sommets proches du refuge, les dernières brumes traînent encore accrochées aux parois, je peux marcher en t-shirt, c'est la fête! La forêt où coule le Clévieux, juste au-dessus de Samoëns, ressemble à un pays de fées. De la mousse, des fougères, des cascades... J'arrive à midi à Samoëns où je visite le joli jardin botanique alpin et m'accorde un après-midi de repos et une chambre confortable pour la nuit.



Jour 6: Samoëns - Refuge de la Moëde d'Anterne

22 km, 1814 m D+, 514 m D-

Après mes mini vacances à Samoëns, je me lève tôt pour entamer une longue journée qui commence tranquillement plus ou moins à plat jusqu'à la cascade du Rouget. Le chemin monte ensuite, très raide, jusqu'au Collet d'Anterne, en passant par les belles cascades de la Sauffaz et de la Pleureuse. Je grimpe jusqu'à la Croix au point 1816 pour une pause pique-nique avec une vue imprenable sur la vallée. Je vois Samoëns tout au fond au loin. Je suis toujours impressionnée de la distance qu'on peut parcourir à pied en peu de temps. Le paysage s'ouvre sur un immense plateau entouré des impressionnants Rochers de Fiz à l'ouest et les Frêtes de Villy et de Moëde à l'Est. Au sud, le Col d'Anterne. Seul bémol de cette journée, le refuge. Je le déconseille tant qu'il n'y aura pas eu de changement de responsable... Accueil déplorable, hygiène douteuse, repas médiocre... à éviter!



Jour 7: Refuge de la Moëde d'Anterne - Refuge de Bellachat

11,3 km, 893 m D+, 738 m D-

Je quitte le refuge de la Moëde d'Anterne pour descendre dans un beau vallon sauvage. Un joli chemin longe un petit ruisseau bordé de sorbiers des oiseleurs jusqu'au pont d'Arlevé, sur le torrent de la Diosaz, et remonte sur les flancs du massif des Aiguilles Rouges. Je croiserais un loup par ici que je ne serais pas étonnée! Le sentier monte encore et à partir de 2'000 m d'altitude, les arbres laissent la place aux pâturages et aux cailloux, puis juste les cailloux, le col du Brévent d'où s'impose le majestueux massif du Mont Blanc, avec l'Aiguille du Midi pile en face du col. À partir du Brévent, un très beau chemin de pierres plates descend doucement jusqu'au refuge de Bellachat où je trouve un très bon accueil!



Jour 8: Refuge de Bellachat - Les Contamines

29 km, 1030 m D+, 2016 m D-

L'étape devait être un peu moins longue selon le programme (24 km, pas 29), mais deux erreurs d'itinéraire on ajouté de la distance et de la fatigue à ma journée... Première déconvenue de la journée: après 15 minutes de descente, je réalise que j'ai laissé mon sac à viande au dortoir... je pose mon sac à dos au bord du chemin, je remonte au pas de course chercher mon sac à viande, et ressortant du refuge, je me rend compte que je n'avais pas pris le bon chemin...le sentier raide sous la cabane mène à Chamonix et non aux Houches où je suis censée me rendre. Problème, j'ai laissé mon gros sac à dos bien lourd en contrebas, sur le faux chemin... Je redescend donc vers mon sac à dos et continue sur le faux chemin qui ajoute 3 km à mon itinéraire. J'arrive aux Houches un peu contrariée par ce faux départ, déjà fatiguée. Je souffre de la chaleur. J'attaque la montée du col de Voza, c'est un supplice, je transpire des décilitres, ça pleut depuis mon front. Le moral est dans les chaussettes, je me dis que je n'arriverai jamais aux Contamines. Petite halte réparatrice au petit bistrot situé 1 km avant le col. Une bière, un litre d'eau minérale. Je m'encourage et repart. Le chemin redevient facile en direction de Bionnassay, la vue est belle, le moral remonte. Arrivée à Champel, deuxième erreur de parcours: au lieu de prendre direction sud vers La Gruvaz comme j'avais prévu sur mon plan, je suis bêtement et machinalement deux randonneurs qui descendent au nord vers Bionnay... Quand je constate mon erreur, c'est trop tard pour faire demi tour, je devrais trop remonter. Je décide de suivre la route jusqu'à Bionnay puis direction sud vers les Contamines. Mais ça monte...ça monte.... et je n'en peu plus! Les derniers kilomètres sont interminables. L'heure avance, le gardien de la cabane va bientôt s'inquiéter... J'arrive enfin aux Contamines, il est 18h45. J'ai 1h30 de retard sur mon programme et je suis éreintée. J'entre dans le magasin de sport en face de la sortie du sentier qui débouche au milieu du village. J'ai besoin d'un t-shirt propre, n'importe lequel. La vendeuse m'en tend un, je dis ok. Elle me demande si je vais bien (je dois avoir une sale tête), et là, je m'effondre, les larmes de fatigue coulent... elle et un autre vendeur me proposent de m'asseoir, ils me donnent un verre d'eau et me souhaitent la bienvenue aux Contamines!! Ils me demandent où je loge. Au chalet du CAF. "Ah, génial, vous verrez vous y serez bien, ils sont sympas!" Et c'est vrai! J'ai été super bien accueillie au CAF. J'ai pu d'abord prendre une douche alors qu'ils servaient déjà le repas. "Pas de soucis, prenez votre temps, on garde la soupe au chaud!". Merci pour ça!!!



Jour 9: Les Contamines - Refuge de la Croix du Bonhomme

13 km, 1324 m D+, 24 m D-

Retapée par un excellent repas et une bonne nuit de sommeil au Chalet du CAF des Contamines, je repars avec la motivation et l'énergie au top, direction le col de la Croix du Bonhomme. Je prend le bus navette gratuit qui part du refuge et s'arrête à Notre Dame des Gorges. De là, une montée bien raide (c'est un peu la coutume par là...) dans la forêt, très jolie, le long d'un torrent aux eaux turquoises, suit un ancien chemin romain. On marche sur des dalles de pierres. Il y a du monde sur le sentier car ici le GR5 se superpose au très fréquenté Tour du Mont-Blanc. En arrivant au refuge de la Croix du Bonhomme, des ombres passent au-dessus de ma tête. Je lève les yeux: une dizaine de vautours planent, tout proche, grandiose!



Jour 10: Refuge de la Croix du Bonhomme - Refuge du Presset (Pierra menta)

17 km, 1061 m D+, 1000 m D-

J'ai passé une nuit étonnamment bonne dans un dortoir bondé à 25 personnes (arrivée la première au refuge dans l'après-midi, j'avais eu le privilège de choisir la meilleure place!). N'aimant pas trop l'idée de me trouver dans la foule au petit déjeuner, je me suis levée à 6h15 pour être la première aux wc, la première au lavabo pour une rapide toilette de chat, la première au réfectoire pour avaler vite fait deux tartines et fuir... Après quinze minutes de marche, je retrouve la sérénité. Le refuge et son brouhaha matinal est derrière moi, j'ai le sentier des crêtes de Gitte pour moi toute seule, le jour se lève, et j'aperçois des bouquetins au milieu de mon chemin! Je me sens tellement bien! Je me fais plaisir en marchant sur cette crête. Je passe le col de la Sauce et descend en direction du Plan de Lai. Sur la route qui va de Beaufort à Bourg St-Maurice, les motards passent ventre à terre... j'accélère le pas pour fuir ce bruit agressif et je m'arrête au joli refuge de Plan Mya d'où l'on n'entend déjà plus le tumulte du trafic. Le chemin monte ensuite doucement, parallèle au grand lac de Roseland. Pause au sommet de la Grande Berge, la vue est magnifique. Je dessine. Dernière étape et pas des moindres: le col du Bresson. La montée est dure, mais la récompense est de taille. Le refuge du Presset est le plus beau refuge de mon périple, situé au bord d'un petit lac avec une vue imprenable sur la Pierra menta et plus au sud, sur les Glaciers de la Vanoise.



Jour 11: Refuge du Presset - Landry

18 km, 72 m D+, 1800 m D-

Avec un peu de nostalgie, je quitte ce bel endroit pour ma dernière étape sur le GR5 cette année. Je suis reconnaissante pour la chance que j'ai eue de vivre tout ça, la beauté des paysage, les sympathiques rencontres (avec les humains marcheurs et aussi la faune sauvage!), contente que mon corps ait tenu le coup (les genoux commencent à grincer un peu et le dos crie stooooop, enlevez-moi ce sac trop lourd!). La descente est longue, il fait chaud, on se croirait en Provence avec les lézards qui courent partout en travers du chemin, des papillons, des criquets. Après la caillasse d'en-haut, je retrouve les feuillus, les sous-bois, les villages, les gens, le train.... la maison!

Je me réjouis déjà de la suite l'année prochaine!



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